Démystifier le dénivelé

On veut partager ses statistiques de randonnée, mais quelle est la bonne façon de bien décrire son parcours quand on parle de dénivelé?

Commençons par quelques définitions :

  • Altitude : Élévation verticale, hauteur (d’un point) par rapport au niveau moyen de la mer.
  • Dénivelé : Différence d’altitude, de niveau entre deux points.
  • Col : Partie la moins élevée entre deux sommets permettant le passage d’un versant à un autre.
  • Proéminence : Altitude d’un sommet par rapport à un col ou à sa base.
  • Ascension : Action de gravir une montagne.

L’altitude

L’altitude peut être importante quand elle dépasse les 2500m puisque c’est à cette hauteur que l’humain peut ressentir les effets du manque d’oxygène. C’est entre 3500m et 4000m que certaines personnes commencent réellement à ressentir les effets négatifs du mal des hauteurs (hypoxie).

Donc, mis à part pour le classement des plus hauts sommets, l’altitude n’est pas réellement un enjeu. Au fait, ces plus hauts sommets le sont-ils vraiment?

Le dénivelé

C’est ici qu’entre en jeu la notion de dénivelé. Ce dernier est calculé en soustrayant la hauteur de la base d’une montagne à la hauteur de son sommet. Une montagne peut donc avoir un haut sommet, mais un petit dénivelé ou l’inverse. Voici quelques exemples de dénivelés de montagnes :

MontagneAltitudeDénivelé
Mont Mégantic1102m572m
Acropole-des-Draveurs1039m842m
Mont Sutton960m800m
Mont à Liguori779m779m
Mont Saint-Hilaire412m330m

On peut constater que l’altitude est bien différente du dénivelé de la montagne, mais il y a aussi une différence entre le dénivelé d’une montagne et celui que l’on parcourt en randonnée. On ne part pas toujours de la base de la montagne ; le début du sentier se trouve bien souvent un peu plus haut en altitude.

Par exemple, le stationnement du mont Saint-Hilaire se trouve à 150m d’altitude, soit 70m plus élevé que sa base. L’accueil du mont Sutton se trouve à 580m d’altitude, soit 420m plus élevé que sa base.

Voici les chiffres que l’on obtient si l’on refait le tableau précédent avec le dénivelé du sentier :

MontagneAltitudeDénivelé
Mont Mégantic1102m526m
Acropole-des-Draveurs1039m842m
Mont Sutton960m493m
Mont à Liguori779m730m
Mont Saint-Hilaire412m267m

Le gain

Donc, si on ne fait que monter une montagne et la redescendre, comme à l’Acropole-des-Draveurs (Montagne des Érables), où il n’y a qu’un sentier linéaire en ascension constante, on aura monté et redescendu 842m. Sur d’autres sentiers, il est cependant possible de faire plusieurs sommets. On additionnera ainsi le gain de chaque dénivelé, ce que l’on peut aussi nommer « dénivelé cumulé » ou « dénivelé positif ». Il est même possible de dépasser le dénivelé total de la montagne elle-même.

MontagneDéniveléDénivelé positif
Mont Mégantic (1102m)526m784m
Mont Saint-Hilaire (412m)267m423m
Mont-du-Lac-des-Cygnes (950m)439m613m
Mont Albert (1050m)*957m1101m
*Le mont Albert est plus élevé, mais le sentier ne passe pas par le sommet.

Si vous gravissez deux montagnes la même journée, une ascension de 800m et une autre de 300m, vous obtiendrez un cumulatif de 1100m.

Lors d’une randonnée de plusieurs jours, on peut additionner les gains journaliers pour donner une meilleure idée de la difficulté moyenne de la randonnée. Par exemple, une randonnée de 15 jours avec un gain de 9000m, donc 600m de gain par jour en moyenne.

La perte

La perte ou le dénivelé négatif sont les segments en descente additionnés.

Quand vous parcourez un sentier et que vous revenez à votre point de départ, la perte sera égale au gain, mais si vous ne revenez pas au point de départ, il risque d’y avoir une différence. Donc, si vous partez trois jours sur un sentier en forme de boucle, que le premier jour, vous calculez +500/-200, vous aurez une différence de 300m par rapport au point de départ. Ensuite, +400/-100 pour le deuxième jour et +50/-650 pour le troisième, vous constaterez que le 3e jour risque d’être plus facile que le premier puisque vous aurez beaucoup plus de perte (descente) que de gain (montée) et qu’au total, vous aurez un dénivelé nul : 500+400+50=200+100+650

Si vous ne revenez pas au point de départ, vous pourrez facilement calculer la perte en soustrayant l’altitude de départ à l’altitude d’arrivée. Par exemple : 500m au départ, 300m à l’arrivée = -200m (davantage de descente que de montée). Si le chiffre final avait été positif, il y aurait eu davantage de montée que de descente. Le dénivelé négatif peut être un enjeu, mais il ne représente généralement pas la difficulté du sentier.

La difficulté

Pour connaître la difficulté d’un sentier, doit-on se fier uniquement au dénivelé positif? Ça dépend. Le sentier de l’Acropole-des-Draveurs a un dénivelé de 842m sur 10,6km au total, tandis que le mont Mégantic fait 784m de dénivelé, mais sur une distance de 16,7km. Parfois, plus un sentier est court, plus il est difficile, mais sa longueur peut aussi être une difficulté si l’on n’est pas habitué de parcourir de longues distances. Donc, en plus du dénivelé, la distance peut aussi représenter un enjeu.

Est-ce que les randonnées en dénivelé négatif sont toujours plus faciles? Non, certains sentiers sont plus difficiles en descente dû à leur inclinaison ou au type de sol.

Les erreurs à éviter

On atteint une altitude, donc peu importe le nombre de fois où on l’atteint, sa valeur va rester la même.

Par exemple : «J’ai atteint 1 100m d’altitude.»

On ne peut pas cumuler les altitudes.

Par exemple : «J’ai fait la boucle de Mégantic et j’ai cumulé 2170m d’altitude.»

Cette valeur n’a aucune signification.

Additionner les dénivelés cumulés positifs et négatifs.

Par exemple : +850m + -750m = 1600m

Mathématiquement, si on additionnait ces deux nombres, on obtiendrait ceci : +850m + -750m = 100m. Aussi, cette donnée ne représente pas la difficulté du terrain.

Donc, on va présenter les cumulés de cette façon +850m/-750m.

On peut parler d’une moyenne de dénivelé.

Par exemple (4 jours) : +600m + +700m + +300m + +400m = 2 000m, 2 000m / 4 jours = une moyenne de 500m par jour (+500m / j). On présume que la moyenne négative est équivalente ou très proche de la moyenne positive.

En résumé

Si on part en randonnée de plusieurs jours, on peut dire : «Le sentier avait un dénivelé total de 11000m et comme je l’ai fait en 22 jours, j’ai monté en moyenne 500m par jour. Ma plus grosse ascension a été de 800m avec un cumulatif de 1100m. Et la vue la plus belle, c’est quand je suis arrivé au plus haut sommet à une altitude de 1600m.»