Après avoir marché les 4 240km de la Pacific Crest Trail en 2016, Mathieu Jourjon rentre au pays. (En fait, la Pacifique Crest Trail se termine à la frontière canadienne, donc il était déjà au Canada, mais il est revenu en ses terres, c’est de ce « pays » dont on parle ici.)
Quelques années plus tard, Mathieu a le cœur brisé, car sa prétendante, une couturière, vient de mettre fin à leur relation. C’est dans un moment de folie, en tentant de la reconquérir, qu’il joue le tout pour le tout en se lançant dans la confection d’équipement de plein air. Certes, il a bien l’expérience de la randonnée, mais pas celle de la couture. Cependant, autodidacte, il parvient à créer ses premiers sacs de couchage.
C’est bien beau faire des sacs de couchage, le plus compliqué est souvent de trouver un nom à son entreprise. Après avoir passé des heures, même des jours à essayer des adresses web afin de savoir ce qui était disponible, c’est le soir du 20 février 2020 que Mathieu décide de s’établir en tant que www.mounttrail.com et de créer officiellement l’entreprise.
Est-ce que la couturière est revenue vers lui? Non.
Mathieu a étudié en administration aux HEC et c’est avec cette fibre entrepreneuriale et beaucoup de motivation qu’il a pu créer Mount Trail. Le monde du matériel de plein air est déjà très rempli, cependant, si vous regardez votre équipement de randonnée, mis à part vos vêtements, quelle pièce a été fabriquée au Québec ou même au Canada? La majorité des produits que l’on retrouve ici proviennent d’entreprises américaines ou d’Asie. Alors, même s’il fallait être « un peu fou », pourquoi ne pas créer « quelque chose » de local.
Des sacs de couchage et des « quilts »
Des « quilts »? On peut traduire le « quilt » en français par couette, mais en fait, la vérité se trouve entre une couette et un sac de couchage. Pour comprendre le concept, on doit comprendre comment fonctionne un sac de couchage. D’abord l’isolation. Qu’elle soit synthétique ou naturelle, elle est créée par les espaces d’air qui sont créés entre les fibres. Ces espaces d’air se nomme « fill power » et plus cette valeur est élevé, plus c’est isolant et léger. C’est pour cette raison que le duvet est terriblement efficace. Alors, quand on se couche dans son sac de couchage, la partie qui se trouve sous le corps est compressée, il n’y a pratiquement pas d’air, cela crée un pont thermique sans pouvoir isolant. De plus, cela ajoute du poids inutile puisqu’il ne sert à rien, alors, dans un « quilt », on retire cette partie. Donc, avec un quilt, on dort directement sur son matelas de sol et on s’abrille avec son « quilt » . Alors, les « quilts » c’est pour qui? Comme Mathieu nous expliquait, il faut aimer ça. Certains ne jurent que par leur légèreté, mais lui, lors de sa longue randonnée, préférait le sac de couchage fermé au « quilt ». De plus, il a ses limites ; on comprend bien que ce n’est pas fait pour l’hiver.
Les sacs de couchage restent une valeur sûre. Le sac de couchage trois saisons (-7, régulier) pèse 786g, comparativement au « quilt » à 587g, ce qui est tout de même négligeable pour la plupart des gens qui ne passent pas leur été sur les sentiers. Aussi, ceux de Mount Trail ne sont pas pour les débutants. Investir 500$ dans un sac de couchage pour une personne qui n’a jamais passé une nuit en randonnée, même Mathieu ne le recommande pas. Cependant, les randonneurs aguerris savent ce que coûte un sac de couchage de moins d’un kilo et encore là, Mount Trail se trouve en excellente position, offrant des produits moins chers que la concurrence et testés par des explorateurs chevronnés depuis des années.
Le sur-mesure a pris une place dans l’offre de Mount Trail. Il est possible de choisir exactement ce que l’on veut : température, isolant, longueur, largeur, zip, rembourrage, couleur, etc. Sachant que le sac de couchage est souvent la pièce la plus commune, mais la plus importante, si on peut se permettre son achat custom-made, cela peut faire toute une différence.
Une entreprise responsable
Les valeurs écoresponsables de Mathieu lui ont aussi donné l’idée de mettre à jour ou de réparer les produits de la concurrence afin de prolonger leur vie ou de recycler le matériel correctement. Par exemple, on peut faire remplacer la vieille plume de son sac de couchage, ainsi sauver sur une partie des coûts et respecter l’environnement. Cela ne s’arrête pas là, il propose même de vous réparer votre équipement gratuitement, même quand il provient d’une autre entreprise.
La diversification des produits s’est faite assez rapidement, allant des sacs de rangement aux tentes. Toutefois, pour des raisons logistiques, la production de tentes a été mise en pause. Cependant, les bâches sont toujours disponibles, mais comme pour les « quilts », une bâche à 450$ peut sembler illusoire pour un néophyte. C’est en grande partie dû au coût du matériel. L’ultraléger a un prix. Une bâche de 7,5 mètres carrés du marché pèse environ 1,1kg, contre 158g pour l’ultraléger, avec une imperméabilité identique.
Des idées
Une autre idée « folle » de Mathieu qui commence à faire grand bruit : 2024 sera la 3e année du Festival Expé. Nous vous en parlions dans un article récent. Si vous n’étiez pas encore au courant, c’est le festival qui lance les activités de plein air estivales.
De randonneur à entrepreneur, Mathieu Jourjon a créé une marque québécoise à laquelle on peut être fier de s’identifier. N’hésitez pas à passer sur son site et à le contacter si vous avez des questions, vous aurez droit à ses conseils ou à ceux d’un de ses collaborateurs afin d’être certain de votre choix.
Bonne rando!
Bon festival!