Hydropénophobie, une des peurs des randonneurs

Dans un article paru sur un autre site il y a quelques mois, on pouvait lire les peurs des randonneurs; peur des animaux dangereux, peur d’être dans le bois la nuit, peur de manquer de nourriture, etc. Seulement, il en manquait une et c’était la peur de manquer d’eau.

En randonnée ou en longue randonnée, on se pose toujours la question : quelle quantité d’eau dois-je apporter ? Évidemment, en randonnée d’une journée, on peut généralement transporter son eau pour toute la journée, même si quelquefois, on doit tout de même se ravitailler en cours de route. En longue randonnée, on doit remplir ses réserves plusieurs fois par jour, quand c’est possible.

Il n’est sûrement pas nécessaire de vous dire que l’eau est essentielle à la vie et qu’il faut boire une quantité minimale de liquide chaque jour. Cependant, ceux qui pratiquent des activités de performance ou qui demandent beaucoup énergétiquement savent qu’une gorgée d’eau peut apporter un boost d’énergie, car même une légère déshydratation fait qu’on se fatigue plus rapidement.

Lors de sa randonnée, il faut penser à de nombreuses variables

La température : il n’y a pas que la température de l’air qui peut affecter la transpiration, mais aussi le soleil direct qui, même s’il ne fait pas particulièrement chaud, peut entrainer un coup de chaleur. En plus du chapeau, c’est en partie pour cette raison que de nombreux « thru hikers » optent pour un vêtement à manche longue.

L’humidité : selon la région où l’on va, l’humidité peut être très élevée et il y aura un humidex qui créera une chaleur pesante et désagréable. De l’autre côté du spectre, une humidité basse fera que l’on aura la bouche sèche, ce qui demande un certain temps d’acclimatation. Aussi, la transpiration s’évaporera plus vite et l’on ne réalisera peut-être pas ses réels besoins en eau.

L’attitude : randonner à 100m est très différent que de randonner à 4 000m d’altitude. La baisse d’oxygène fait que le corps travaille plus fort et qu’on dépense davantage d’eau en plus d’être dans un environnement généralement plus sec.

Le sentier : parcourir un sentier avec une ascension difficile, sur une crête et/ou exposé aux vents engendrera de plus importantes dépenses d’eau.

Il est crucial de savoir reconnaître les signes de la déshydratation. Bien sûr, il y a la soif, mais on peut aussi porter une attention au moment où l’on urine. Si l’on a bu plus d’un litre d’eau et que l’on n’a pas uriné ou très peu uriné, on se doit d’être vigilant. On peut ajouter la fatigue, les vertiges ou la confusion, mais ces symptômes peuvent être aussi associés au mal des montagnes (au-dessus des 2 400m). Dans les deux cas, il vaut mieux redescendre, si possible, pour se réhydrater à un point d’eau ou pour retrouver plus d’oxygène.

Alors, à la question «Quelle quantité d’eau dois-je apporter?», il n’y a pas de réponse unique. Une personne en bonne forme physique peut avoir besoin de plus d’eau qu’une personne qui l’est moins. C’est votre expérience personnelle qui vous aidera à prévoir la quantité d’eau nécessaire tout en prenant en compte les variables du terrain.

En longue randonnée, on retrouve généralement des ruisseaux, sources ou lacs où faire le plein pendant la journée, mais il peut parfois y avoir des sections ou des journées plus arides qui font que les ravitaillements sont plus distancés. Cela peut influencer le moment de départ pour votre longue randonnée. Certaines personnes vont préférer la fin du printemps ou le début d’été pour profiter des sources abondantes. D’autres vont profiter de l’automne, où il y a moins de points d’eau, mais où les journées sont plus fraîches et moins achalandées.

À savoir pour sa planification

Avant de partir en longue randonnée, il est important de vérifier les segments plus arides comme ceux sur les crêtes ou dans les déserts. Certains sentiers comme l’Oregon Desert Trail, l’Hayduke Trail ou Arizona Trail sont entièrement dans le désert et il ne faut absolument pas omettre un des quelques points d’eau cruciaux.

Astuce #1 : dormir à un point d’eau. Le plus simple est de terminer sa journée près d’un point d’eau, cela permet d’avoir de l’eau pour cuisiner et de se réhydrater lentement le soir, mais pas trop pour ne pas avoir à se lever toute la nuit. Puis, le matin, vous pourrez faire le plein avant de partir et ne pas avoir à vous préoccuper de ce problème pour une partie de la journée.

Astuce #2 : notez tous les points d’eau possibles sur votre carte. Il est certain qu’on ne peut pas se fier aveuglément à la présence réelle d’un cours d’eau même s’il apparaît sur une carte, mais cela donne une idée de la possibilité de trouver de l’eau. Aussi, il arrive souvent de trouver un ruisseau qui, lui, n’était pas indiqué sur la carte.

Astuce #3 : toujours remplir ses réserves quand c’est possible. Si vous avez une bouteille vide, remplissez-la sitôt que c’est possible. Effectivement, vous ne savez pas si la prochaine source sera tarie ou pas. Cela vous évitera les mauvaises surprises.

Astuce #4 : prendre de petites gorgées. Cela permet de garder la bouche humide et moins pâteuse. Aussi, ça évite qu’on boive trop d’eau d’un seul coup et qu’on l’urine quelques minutes plus tard.

Et l’hydropénophobie? Même s’il n’y a pas réellement de phobie associée à la peur de manquer d’eau, ce sentiment vous fera probablement transporter un litre ou deux de plus au cas où. Mis à part le poids supplémentaire, le sentiment de sécurité n’a pas de prix.

Filtrer ou pas?

Même si l’eau vous paraît excellente, il est toujours recommandé de filtrer votre eau. Il serait vraiment malheureux d’être malade en plein milieu d’une longue randonnée parce que, cette fois, vous vous êtes dit : « Ah! Je n’ai pas le temps.» Surtout qu’on peut toujours avoir un filtre sur soi.  Par exemple, les filtres Sawyer ne coûtent presque rien, sont tout petits et peuvent filtrer 1L d’eau en quelques secondes.  Au moins, prévoyez quelques comprimés de chlore dans votre trousse de secours.