Voilà que je reviens trois semaines avant la date prévue. Que s’est-il passé?

On a beau vouloir tout planifier, mais quand tout part en vrille, vient un moment où l’on doit se résigner. Je vous raconterai probablement mon histoire plus en détails ultérieurement, mais pour l’instant, voici les grandes lignes de cette aventure que je ne souhaite à personne.

Vue de Pikes Peak (4302m) à 125km de distance dans le smog des feux de forêts californiens

Mes erreurs

Je dois être honnête, j’ai commis quelques erreurs, fait quelques mauvais choix et ça aurait pu mal tourner pour moi.

  • La préparation physique

J’avais planifié un entraînement sur trois mois avant mon départ, ce qui d’après mes expériences passées, était suffisant. Malheureusement, je me suis blessé au dos en juin, j’ai dû arrêter toutes activités pendant deux semaines et la reprise fut progressive, ce qui a eu comme conséquence de retrancher plus d’un mois à ma préparation. Ce détail à lui seul aurait été suffisant pour tout annuler, mais j’ai tenté de pallier à ce problème avec le point suivant.

  • L’adaptation

Au départ, je devais partir de Steamboat Springs et augmenter progressivement les distances à parcourir pour arriver à 32km en moyenne par jour. Pour pallier à mon manque de préparation physique, j’ai retranché 45km de sentier afin de n’avoir que des distances comprises entre 20km et 25km au cours des 7 premiers jours (à l’exception d’une journée de 35km généralement en descente). De cette façon, j’espérais atténuer les lacunes de ma préparation physique et augmenter mon endurance, mais un autre problème est survenu. Au lieu de prendre quatre jours pour acclimater mon corps à l’altitude, je n’en ai eu que deux, alors je suis passé rapidement de 1800m à 3500m d’altitude et, comme ça peut arriver à n’importe qui à un moment donné, j’ai eu le mal des montagnes. Ce mal se déclare généralement autour des 11 000′ (3350m). Il existe des médicaments pour le prévenir, mais leurs effets secondaires peuvent être pires que le mal lui-même. J’ai eu comme symptômes une désorganisation/confusion, une perte d’appétit, une perte d’énergie d’au moins 50% et une très grande difficulté à respirer. Lors d’un voyage précédent, j’étais déjà monté à 4400m d’altitude sans ressentir aucun symptôme, alors je ne pouvais pas prévoir que ce problème surviendrait.

  • Voyager seul

La section où je me trouvais à ce moment était peu achalandée et j’aurais pu passer une journée complète sans voir personne. Aussi, les accès y étaient limités puisqu’il y avait eu des feux de forêts en 2020 et des inondations récemment, donc si je décidais de continuer, je n’avais d’autre choix que de me rendre à la prochaine ville. J’ai entrepris la planification de cette aventure selon mes capacités et mon but était de la compléter seul. Mais voilà, si j’avais été avec quelqu’un, les effets de l’altitude auraient sans doute ralenti notre progression, mais ils n’auraient pas compromis l’aventure, puisque j’aurais pu compter sur une autre personne pour me « surveiller » et prendre les bonnes décisions, si bien sûr, cette personne s’était sentie bien. Quand on voyage seul, il faut être deux fois plus prudent. Ça représente un risque.

De la neige à ma 2e nuit (20 août) en montagne, entre 4cm et 7cm selon l’altitude. Je savais que ça pouvait arriver, mais pas aussi vite que ça.

Les problèmes hors de mon contrôle

Une chose importante quand on part en « vacances », c’est la sérénité, la paix d’esprit et il y a eu une série d’évènements qui m’en ont privé.

D’abord, une fraude sur mon compte de banque. Quelques centaines de dollars dans une transaction qui avaient été faite via Paypal, dans la nuit, quelques heures avant mon départ pour l’aéroport, ce qui m’a obligé à passer tout mon temps avant de prendre l’avion à changer des mots de passe, sans savoir d’où et comment cette fraude avait été effectuée. Cela a gâché mes derniers moments avec ma conjointe, mais aussi, les heures/jours/semaines suivants puisque PayPal ne reconnaissait pas cette fraude. Aussi, j’ai été enseveli sous près de 4000 courriels de la part du fraudeur, ce qui m’a occupé plusieurs heures à effacer ces messages au lieu de les mettre sur ma préparation. J’ai passé des nuits à ne pas dormir, préoccupé par cette fraude. À mon retour, Paypal m’a finalement remboursé le montant, mais pour des raisons de sécurité, refuse de me dire comment la fraude s’est produite puisque l’entreprise soutient toujours que c’est moi qui ai fait l’achat.

Ensuite, je possède deux téléphones, un pour la vie de tous les jours et un pour la randonnée. J’avais laissé mon téléphone de tous les jours à la maison et je n’avais que mon téléphone de randonnée avec moi. Ce dernier ne contient que quelques applications utiles (cartes, GPS, communication satellite et photos), de cette façon, ma batterie dure beaucoup plus longtemps.  Pour une raison que j’ignore, je n’avais plus de données aux États-Unis, je ne pouvais donc pas télécharger de cartes sauf en ayant accès à un réseau wifi, ce qui m’a causé d’importants soucis. Et juste pour aider ma situation, j’ai longtemps douté que ça pouvait avoir un lien avec la fraude dont j’avais été victime. Alors, j’ai dû télécharger toutes mes cartes avant de partir au lieu de télécharger une section de sentier à la fois. Aussi, je n’avais pas accès à mes courriels, ce qui n’aidait en rien la situation de confusion que je vivais.

Je crois encore avoir fait le meilleur choix

Pour ces quelques raisons et d’autres que j’élaborerai probablement dans un article plus détaillé, j’ai choisi de revenir au Québec. J’ai tout de même profité du temps passé là-bas pour aller quelques jours dans les montagnes et relever quelques défis. Mais j’aurai eu des problèmes jusqu’à la toute fin puisqu’à mon retour, la compagnie aérienne a réussi à perdre mon sac à dos…

Point de vue sur la CDT à 4000m d’altitude

Je suis extrêmement déçu, c’est bien évident. La perte de temps et d’argent est considérable, mais je regarde déjà vers l’avenir puisqu’à présent, je considère bien connaître les montagnes du Colorado. Il n’est pas impossible que j’y retourne un jour pour parcourir la Colorado Trail, mais pour l’instant, je vais rester plus près des 2000m que des 4000m.